Le Château

Jean III de Bretagne, dit Jean III Le Bon
(1286 – 1341)
Jeanne de Penthièvre
(1319 – 1384)
Jean II de Montfort (1294 – 1345)
Jeanne de Flandre, dit Jeanne la Flamme
(1295 – 1374)
Jean IV de Bretagne, dit Jean III de Montfort
(1339 – 1399)
Henry IV, Roi de France
(1553 – 1610)
Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de Mercoeur
(1558 – 1602)
Porte du Guichet murée
Avec le mur de la prison
Vestiges du mur de la prison
Avec la cour d’honneur. Dessin de 1807 réalisé par François-Agathon du Petit-Bois

Monument emblématique de la ville de Dinan, le château s’impose comme un fascinant témoignage de l’histoire de la cité des Ducs de Bretagne.

LA GUERRE DE SUCCESSION DE BRETAGNE

L’histoire du donjon de Dinan débute avec le Duc Jean IV de Bretagne. Mais cela n’aura pas était sans difficultés.

En 1341, Jean III de Bretagne, dit Jean Le Bon, meurt alors que l’Angleterre et la France sont entrés en conflits 4 ans auparavant dans une guerre qui durera 100 ans, et qu’il n’a pas désigné son successeur.

Le trône de Bretagne est donc à prendre, mais deux prétendants au duché se disputent l’héritage.

La guerre de succession de Bretagne débute. Elle oppose Jeanne de Penthièvre, la nièce de Jean III de Bretagne mariée à Charles de Blois, le neveu du roi de France, et Jean II de Montfort, comte de Montfort l’Amaury et seigneur de Guérande, demi-frère du défunt duc.

L’Angleterre et la France voit là l’occasion de se rapprocher du duché de Bretagne tant convoité.

L’Angleterre prend parti pour Jean II de Montfort, tandis que le Roi de France apporte son aide à Jeanne de Penthièvre.

4 ans après le début de la Guerre de succession de Bretagne, en 1345, Jean II de Montfort meurt.

Son fils, Jean III de Montfort (Futur Jean IV de Bretagne) n’a alors que six ans. C’est sa mère Jeanne de Flandre, dit la Flamme qui poursuit la guerre, remportant des succès.

Jean III de Montfort qui est ensuite placé sous la tutelle d’Édouard III, Roi d’Angleterre, commence à prendre part aux opérations militaires en 1357.

En mai 1373, s’étant ouvertement déclaré pour le Roi d’Angleterre contre l’avis de la noblesse Bretonne, il quitte la Bretagne et se réfugie en Angleterre tandis que les Dinannais ouvrent les portes de la ville de Dinan aux troupes Françaises de Charles V sans combattre.

En 1379, après plusieurs années d’exil en Angleterre et plusieurs batailles, Jean III de Montfort rentre définitivement en Bretagne, alors qu’il a remporté la guerre de succession avec l’assistance de troupes anglaises.

Un traité est signé établissant irrévocablement Jean III de Montfort comme Duc de Bretagne sous le nom de Jean IV de Bretagne, mais il n’est pas légitimé par la totalité de la population.

Désireux d’asseoir définitivement son pouvoir, il entreprend un vaste programme de construction dans son duché.

À Dinan, cité particulièrement dynamique mais qui s’est longtemps refusée à lui, le duc réserve un projet architectural exceptionnel, à la hauteur de la remarquable enceinte urbaine, alors la plus vaste de Bretagne.

LA TOUR-PALAIS DU DUC JEAN IV

Quand Jean IV décide en 1380 de confier à Étienne Le Tur la construction d’une tour-résidence afin d’affirmer son autorité sur la ville de Dinan, la première chose à laquelle il doit penser, c’est son emplacement.

Le site du Château originel étant étroit et trop enclavé par rapport à la ville, il décide donc de choisir un lieu qui lui donnerait, le cas échéant, plusieurs choix de fuite, pour échapper aux ennemis provenant de l’extérieur, mais aussi de l’intérieur de la ville, la population de Dinan ayant un caractère pour le moins fluctuant.

En Effet, le Duc a toujours en mémoire les faits de mai 1373, et il sait qu’il ne fait pas l’unanimité dans la population.

Le duc décide donc de construire sa tour sur un angle des remparts existants, avec un double accès, vers la ville et vers les champs.

L’emplacement choisi se situe à proximité immédiate de la porte du Guichet (ou porte de Rennes) et du Champ aux chevaux (Actuelle place Duguesclin).

Lorsque Le Duc choisit cet emplacement, il ne ressemble pas à ce qu’on peut voir aujourd’hui. La tour de Coëtquen n’est pas aussi imposante, et est plus vraisemblablement identique aux tours qui encadrent la porte du guichet.

De plus, le donjon n’est pas isolé du reste de la ville par ce large fossé intérieur comme de nos jours, et les remparts de chaque côté de la port du Guichet ne renferment pas de tunnel. Enfin, côté ville, le relief s’élève de façon progressive vers l’intérieur de la ville.

L’année de fin des travaux n’est pas connu avec exactitude. Selon certaines sources, la tour aurait été terminée en 1384, pour d’autres cela serait en 1393. Le plus vraisemblable, serait l’année 1384, puisque cette année là, dans le donjon aurait eu lieu l’interrogatoire de Rolland Moisan, le meurtrier de Jean de Beaumanoir.

A l’origine, cette tour surmontée d’une imposante toiture d’ardoises mesure près de 45 mètres de hauts. Elle est desservie par une cour d’honneur rectangulaire d’environ 16 m sur 10 m (Aujourd’hui reconstituée en partie) par laquelle les nobles entrent, côté ville, par un pont-levis charretier (qui peut recevoir des charrettes) vers la basse-cour dans laquelle se trouvent les dépendances : forges, écuries, pigeonnier… , et côté champs par un double pont-levis vers le chemin de Rennes. Un troisième accès existait directement dans la tour, à l’ouest, depuis les fossés, par un pont-levis à bascule, certainement pour acheminer les provisions.

La cour d’honneur sera détruite dès 1823.

LA FORTERESSE DU DUC DE MERCOEUR

À la fin du 16ème siècle, l’ancienne résidence des ducs de Bretagne connaît d’importants travaux qui modifient considérablement ses abords.

En effet, entre 1585 et 1598, Dinan devient une place-forte de la ligue Catholique dans le contexte troublé des guerres de Religions.

Dinan est alors aux mains de Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur, chef de la Ligue catholique en Bretagne. La ville occupe un rôle stratégique majeur au nord-est de la Bretagne et ses défenses sont considérablement renforcées et modernisées.

Afin de réunir le Donjon et la tour Coëtquen, tour d’artillerie érigée à la fin du 15esiècle entre 1476 et 1488, un souterrain d’une trentaine de mètres est aménagé sous la porte du Guichet. Le couloir est percé de meurtrières qui permettent de se défendre contre l’extérieur.

L’aménagement de ce tunnel, dit « souterrain Mercœur », entraîne la condamnation de la porte du Guichet qui est alors murée (jusqu’en 1932).

Le Château, devenue forteresse, est, de plus, isolé du reste de la ville par un large fossé et une cour-haute bastionnée, protégée par des structures en éperon. De manière très significative, c’est vers la ville, et non vers l’extérieur, que sont alors tournées les embrasures.

Le château contribue désormais tout autant à la défense de la cité qu’au contrôle de la population par la garnison.

Dans la nuit du 31 janvier 1598, les troupes du roi de France, Henry IV, s’emparent de Dinan. Retranchée dans le château, la garnison – une centaine d’hommes – va résister jusqu’au 13 février à plus de 3 000 soldats royaux et aux Dinannais révoltés.

Ces aménagements ne vont finalement que très peu servir puisque cette bataille marquera la fin de l’histoire militaire de Dinan.

ABANDON DU CHÂTEAU

Le château restera la demeure du Gouverneur de Dinan jusque dans les années 1630, mais il est rapidement abandonné du fait de son état de vétusté dés 1654.

Un rapport rédigé en 1693 nous décrit un édifice aux murs encore solides mais sans portes ni fenêtres et à la toiture détruite.

Plusieurs projets de restauration sont proposés au Roi mais aucun n’est finalement retenu.

LE TEMPS DES PRISONNIERS

En 1703, durant la guerre de Succession d’Espagne (1701-1714), le Château est restauré afin d’en faire un centre de détention pour les prisonniers capturés par la flotte française.

C’est à cette occasion que l’ancienne toiture d’ardoises est remplacée par l’actuelle terrasse, donnant au monument sa configuration actuelle.

Tout au long du 18ème siècle, des centaines de prisonniers anglais y seront détenus.

Avec la Révolution Française, la fonction carcérale demeure mais la nature des prisonniers change : de prison militaire, le château devient une prison de droit commun en 1817 et va le demeurer jusqu’en 1904.

La cour d’honneur détruite dès 1823 est remplacée par un mur circulaire qui fera le tour du donjon afin de délimiter une cour pour les prisonniers. Ce mur sera à son tour démoli en 1906.

LE « CHÂTEAU-MUSÉE »

En 1906, la Ville de Dinan achète pour 30 000 francs le château afin d’y installer son musée, alors à l’étroit à l’Hôtel de Ville. Après deux ans de travaux, le « Château-musée » ouvre ses portes en 1908.

Peu compatibles avec la mise en valeur du château, souffrant par ailleurs de conditions de conservation difficiles, les collections du musée sont progressivement transférées vers les réserves municipales entre 2014 et 2018.

De nouveaux travaux d’aménagement sont entrepris, laissant ainsi la place à un ambitieux projet de valorisation du monument.

En juin 2019, après plusieurs mois de travaux qui auront coûté 1,3 million d’euros, le château de Dinan rouvre ses portes avec pour objectif de faire reconnaître le monument comme un site majeur du patrimoine breton.

LA VISITE DU CHÂTEAU

Une nouvelle scénographie est mise en place, et deux thématiques sont développées afin de permettre aux visiteurs de s’immerger dans la société des 14e et 15e siècles : l’art de la guerre et la vie quotidienne dans les résidences princières.

L’originalité de cette scénographie repose sur deux axes forts:

  • « Le mobilier fantôme » réalisé dans un matériel contemporain – le métal – mais dont les formes et les motifs ont été restitués à partir d’enluminures médiévale.
  • L’archéologie expérimentale. L’expérience est au cœur du parcours de découverte du Château de Dinan. Le visiteur peut ainsi manipuler des objets réalisés dans le cadre de l’archéologie expérimentale, c’est-à-dire avec les mêmes techniques, outils et matériaux que les artisans médiévaux. Cela permet ainsi d’appréhender différemment le quotidien des combattants du 14e siècle.
Cour d’honneur en partie reconstituée

VISITE DU CHÂTEAU

La visite débute par la tour de Coëtquen, puis le souterrain Mercoeur, et se termine par la tour Ducale (Donjon).

la visite est commentée.

Tarifs

( Billetterie uniquement sur place )


AdulteDe 6 à 17 ans et tarif réduit
(sur justificatif)
– 6 ans
Individuel7,50 €3,50 €gratuit
PASS famille: 2 Adultes
et 2 Enfants
18,50 € + 1 € par enfant en plus18,50 € + 1 € par enfant en plus
Groupe6,00 €
15 adultes
3,00 €
PASS AmbassadeurEntrée libre durant 1 an 15,00 €Entrée libre durant 1 an 15,00 €

Horaires d’ouverture

D’avril à septembreouvert tous les jours
de 10h30 à 19h
octobre, novembre, décembreouvert du mardi au dimanche
de 13h30 à 18h30

Visites

  • visite conférence (10€) : du 11 juillet au 31 août, tous les mardis, mercredis et jeudis à 11h30, un guide-conférencier vous propose une visite complète du Château de Dinan (1h30).
  • visite commentée (commentaire historique inclus dans le billet d’entrée) : d’avril à septembre, plusieurs fois par jour, les médiateurs vous proposent des visites commentées du Château de Dinan (25min).

Souterrain Mercoeur
Heaume de Chevalier reconstitué
Chapelle du Duc
Vue de la terrasse
Plan de la citadelle avec figuration en pointillés des éléments aujourd’hui disparus :
en noir, murs détruits au début du 19e siècle,
en rouge, murs de la prison construits en 1820, détruits en 1906 (dessin J. Mesqui, 2015).
(Monuments des Côtes-d’Armor Le « Beau Moyen Âge »)
comparaison d’une photo aérienne de la citadelle avec
une restitution possible de la tour et de la cour d’honneur accolée (dessin J. Mesqui, 2015).

Une tour semblable à celles de la porte du Guichet (au centre) a été restituée à la place de la tour de Coëtquen (en bas à droite).
(Monuments des Côtes-d’Armor Le « Beau Moyen Âge »)
Retour en haut