Restauration des remparts nord

Depuis quelques mois, des échafaudages grimpent le long des remparts de Dinan, sur le front nord.

Suite à une étude diagnostic de l’enceinte nord de la ville, il est apparu comme une évidence qu’une restauration en profondeur de ces remparts devenait urgente.

Une sorte de petit village de préfabriqués s’est donc installé entre la Tour Beaumanoir et la Porte Saint-Malo, entouré d’une palissade en bois, pour cacher les cabanes, qui ne sont pas très esthétiques devant un site historique.

Les travaux ont démarré en septembre 2022, par les courtines, proches du parking Thiers, puis par la tour Saint-Julien en novembre.

Viendront ensuite les courtines de la tour de Lesquen, en octobre 2023, avant la rénovation de la tour elle-même, en mars 2024. La date de fin de chantier est fixée au 31 décembre 2024.

La porte Saint-Malo et ses courtines sont également restaurées depuis janvier 2023.

Il s’agit d’une restauration d’une ampleur inégalée, de par la portée des travaux opérés sur 500 m linéaires. Au fur et à mesure de l’avancé des travaux, il y aura 7 chantiers conduits parfois en même temps, parfois les uns après les autres. Outre les remparts, l’opération compte une porte et trois tours, c’est le chantier le plus considérable que la Ville de Dinan ait eu à programmer.

Un travail minutieux qui prendra au total deux ans et demi, pour un montant de prévisionnel de 4,5 millions d’Euros, dont 2 millions financés par l’État.

Sur ces monuments, dont certains éléments sont fragilisés, les travaux consistent en un énorme travail de dé-végétalisation, végétaux qui ont particulièrement abîmé le mur d’enceinte – ou courtine – en son milieu, particulièrement entre la porte Saint-Malo et la tour Beaumanoir.

Ce travail de dessouchage a nécessité de déconstruire une partie du rempart, parfois jusqu’à deux mètres, pour retrouver une base saine et le remonter.

Ce mur d’enceinte sera relié à ces ouvrages fortifiés par deux escaliers. Côté porte, l’ouvrage existe déjà. Comme la courtine, il sera remis en état. Mais à l’autre extrémité, il n’y a pour l’instant pas d’escaliers, soit il n’y en a jamais eu à cet endroit, soit il a été démoli à une époque inconnue.

Plusieurs données aiguisent l’intérêt scientifique pour ce front nord du rempart. Contrairement à d’autres parties de l’enceinte disposant de défenses naturelles, c’est le secteur qui a le plus été renforcé au cours des siècles, et c’est le secteur le plus complet et, d’un point de vue architectural et patrimonial, le plus riche.

Celui dans lequel, on peut lire l’évolution de l’architecture militaire de défense, de l’emploi de l’archère à l’archère canonnière, puis à la canonnière.

Construite au XIIIe siècle, la porte Saint-Malo s’est augmentée de l’avant-corps qui lui donne un caractère ‘carré’ au siècle suivant. Les tours Beaumanoir, de Lesquen et Saint-Julien ainsi que la contrescarpe – fortification devenue depuis la promenade des Grands Fossés – datent quant à elles du XVe siècle.

Le deuxième chantier de restauration du rempart nord, sur la partie du rempart bordant le parking Thiers, avance bien, les interventions étant moins importantes du fait d’une précédente restauration en 1990.

Pour le troisième chantier, la tour Saint-Julien voisine a été empaquetée comme une œuvre éphémère de l’artiste Christo.

Cette tour, qui à son origine comportait deux étages et mesurait une vingtaine de mètres de haut, ne mesure plus aujourd’hui que 8,50 m de haut. En effet, la tour explosa en 1598, lors de la reprise de la ville par les troupes d’Henri IV, après que les ligueurs eurent mis le feu à cette fortification qui servait à stocker la poudre. L’élévation n’a jamais été reconstruite.

Au cour de cette restauration, deux dimensions doivent être prisent en compte : Une dimension « monuments historiques », pour laquelle il faut respecter les matériaux et l’architecture, et une autre plus archéologique qui va participer à la conservation.

au-delà de la restauration, il existe tout un volet de valorisation du patrimoine, avec l’ouverture au public d’une nouvelle promenade sur les remparts. Des accès seront créés près de la porte Saint-Malo, juste après la tour Lesquen et via une porte qui donne dans la fausse-braie de la tour Beaumanoir. Sans oublier celui, actuel, au niveau de la tour Saint-Julien.

Depuis la porte Saint-Malo, qui sera accessible au public et à l’intérieur de laquelle on pourra entrer, de nouveaux panoramas sur la ville se dévoileront.

Après la remise à niveau du rempart, à gauche, un autre mur sera construit à droite, pour bien délimiter le cheminement des visiteurs.

Cela va être une redécouverte, notamment pour les Dinannais qui n’ont jamais pu arpenter ce chemin de ronde, entrer dans la porte Saint-Malo ou dans la tour Beaumanoir.

C’est aussi un enjeu d’un point de vue touristique, car les publics ont tendance à se concentrer sur le sud-est de la cité médiévale. Avec cette ouverture au nord, la municipalité espère aérer la Ville en période estivale.

Les premiers résultats de la restauration sont visibles, puisque l’échafaudage de la porte Saint-Malo a été démonté, et qu’il est possible d’admirer Le magnifique travail réalisé.

Avec ses nouveaux joints, la voûte de la porte Saint-Malo ne risque plus de laisser des pierres s’échapper.

De même, la tout St-Julien laisse apparaître des vestiges exceptionnels.

Escaliers à vis de la tour St-Julien (Ouest-France)

Cette restauration a été l’occasion pour une équipe de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) de mener une fouille. Depuis l’explosion de la tour en 1598, elle n’avait jamais été examinée.

Après avoir retiré plusieurs centimètres de terre, le sommet de la tour ayant été transformé en jardin privé, les archéologues ont mis au jour les vestiges d’un escalier à vis, permettant d’accéder aux quatre niveaux. Il a été constaté que cette tour était la seule non voûtée de pierre, mais équipée d’un dispositif de plancher de bois.

L’emplacement d’une cheminée et de latrines ont également été découverts, ce qui confirme son usage mixte de défense et de résidence, comme toutes les tours, sauf la tour Beaumanoir.

Enfin, un coussiège a aussi été trouvé. Ce petit banc avait été aménagé dans l’ouverture d’un espace de tir, qui a été colmatée par la suite.

Face à toutes ces découvertes, la Ville a revu son plan de restauration, et au lieu de créer un espace paysager, la municipalité préfère mettre en valeur ces vestiges. La partie supérieure de la tour sera desservie par un escalier côté rue Thiers afin que chacun puisse aller admirer le résultat de cette restauration.

Pour le reste des remparts, même si certaines portions laissent voir un bel avancement, il faudra encore attendre 2024 avant de les redécouvrir.

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